Exfiltré(e)s/Version Française - Mai 2024 : Cerveau et climat, comment ne plus se faire biaiser
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Face au constat alarmant de l’inaction climatique, de nombreux chercheurs et figures de proue de l’engagement environnemental mettent en avant les mécanismes profonds qui nous empêcheraient d’agir. Depuis le célèbre ouvrage de Sébastien Bohler, publié en 2019 “Le Bug Humain - Pourquoi notre cerveau nous pousse à détruire la planète et comment l'en empêcher”, beaucoup s’arrêtent au constat que nous sommes condamnés à nous auto-détruire. Pourtant, ce défaitisme ne serait-il pas lui-même l’expression d’un biais cognitif? C’est l’objet de ce numéro où nous partageons nos réflexions sur l’inaction climatique, mais aussi sur l’engagement politique à la veille des élections.
Au sommaire de cette édition
Rubrique Grand Angle - Biais cognitifs, striatum : comment notre cerveau résiste au changement (mais n’est pas le seul!)
Rubrique du Savoir aux Actes - Elections Européennes - Aux urnes citoyen.ne.s
Rubrique Coup de Coeur - Parlement, la série : plongez dans les méandres de Bruxelles
Bonne lecture et merci à nos nouveaux abonnés! N’hésitez pas à nous faire part de vos commentaires, remarques et suggestions.
GRAND ANGLE 💡Biais cognitifs, striatum : comment notre cerveau résiste au changement (mais n’est pas le seul!)
(“Ils disent que nos cerveaux avaient la taille d’une noix”)
Et si la solution venait de l’intérieur?
Plongée dans notre inconscient et ses mécanismes 🫣
Les neurosciences nous expliquent que notre cerveau primaire est programmé pour survivre et être le plus efficace possible. Pour cela, il développe une série de mécanismes qui lui permettent de penser par raccourcis et associations, et donc de juger plus rapidement. Malheureusement, ces jugements sont parfois entachés de “biais cognitifs” qui peuvent nous pousser à des erreurs d’appréciation : on ne réfléchit pas à actionner chaque muscle quand on marche, mais le prix de cette approximation est que, parfois, on trébuche.
Attention, ces biais ne sont pas nécessairement négatifs, tout dépend du contexte. Il est par exemple admis que les gens plutôt optimistes sont en général plus heureux et connaissent plus de succès dans leurs projets. En revanche rester optimiste quand on est en train de tout perdre au casino s’avère particulièrement dangereux.
Le principal objectif de nos biais est de maintenir notre cohérence tout en faisant un minimum d’efforts et en changeant le moins possible nos habitudes. C’est ici le striatum (partie du cerveau limbique) qui est aux commandes, c'est-à-dire la partie de notre cerveau qui privilégie la gratification immédiate.
Dans le cas de la crise écologique, ces biais pourraient être bien dommageables à notre survie collective à moyen et long-terme lorsqu’ils nous amènent à retarder, réduire ou simplement empêcher notre action. Quelques exemples:
La bonne conscience / effet rebond: se dédouaner d’un impact écologique néfaste en compensant par des éco-gestes de portée plus ou moins limitée (eg. je m’autorise un week-end en avion parce que je trie mes déchets tous les jours, je peux acheter une voiture plus grosse puisqu’elle est électrique, je peux augmenter de la température de mon logement puisque que j’ai installé une chaudière plus économe).
L’ignorance pluraliste: nous sommes une grande majorité à appeler de nos vœux un changement réglementaire contraignant mais, dans le même temps, nous nous auto-censurons et minimisons l’engagement individuel des autres, estimant que c’est peine perdue puisque que la plupart des gens ne font pas d’effort.
L’excès d’optimisme (et sa variante le “technoptimisme”): l’être humain a toujours su s’en sortir, notre ingéniosité et la technologie vont nous sortir de là et nous ne sommes pas en si mauvaise posture. Cette vision est souvent d’autant plus présente que la personne considère être du “bon côté de la barrière” c'est-à-dire qu’elle estime disposer des moyens matériels et financiers qui lui permettront de s’adapter mieux que la moyenne.
L’impuissance acquise: Envahis par l'éco-anxiété (cf. notre newsletter de mars), certains restent figés dans la sidération, le déni, ou le deuil pathologique. Comme chez les personnes souffrant de dépression, la notion d’ “impuissance acquise” se trouve au cœur du mécanisme. Nos expériences passées ont développé en nous la croyance que nous ne pouvions pas agir sur notre environnement, alors nous tombons dans une forme de résignation et nous trouvons des excuses pour ne rien changer et pour résoudre la dissonance cognitive entre nos intentions (faire changer les choses) et nos actions (insuffisantes ou même contre-productives).
Le redoutable biais de confirmation: aggravé par les algorithmes des réseaux sociaux qui nous proposent toujours plus de contenu allant dans notre sens. Il s’agit de ne croire qu’en l’information qui soutient nos croyances actuelles, et donc de refuser toute nuance ou tout argument qui nous ferait changer d’avis et de comportement. Au lieu de réfléchir comme un détective, on réfléchit comme un avocat qui cherche à confirmer sa thèse. Son corollaire: l'ignorance motivée, qui nous pousse à ne pas rechercher une information qui serait susceptible de remettre en cause une de nos habitudes.
Cependant, nous ne fonctionnons pas toujours en mode automatique, en proie à nos désirs immédiats. En théorie, le striatum et le néocortex (la partie du cerveau “cartésienne”, qui nous a permis de créer les sociétés humaines) s’équilibrent à nouveau après l’adolescence…
Bien que nous soyons de plus en plus souvent conscients de nos biais, pourquoi est-ce si difficile de se détacher des injonctions de notre striatum?
Il est important de replacer ces biais dans leur contexte 🏘️
Nous sommes influencés par les comportements des autres. Plus les gens susceptibles d’intervenir sont nombreux, plus on se sent autorisés à ne rien faire (ce mécanisme est malheureusement largement documenté dans le cas de témoins d’agressions ou de malaises). Cette “diffusion de la responsabilité” s’applique particulièrement à l’action environnementale: l’inertie des autres vient inhiber notre propre envie de changer, et la co-responsabilité dans un large groupe réduit la perception de notre responsabilité propre, que ce soit au niveau d’un individu mais aussi d’une industrie ou d’un État (“Mon entreprise/ industrie/pays ne représente que x% des émissions, en fait ce n'est pas moi le problème!”).
Le marketing, l’information grand public et la disponibilité des actions carbonées nourrissent nos biais en permanence. Prenons un exemple: le climat est important pour moi, mais j’ai vraiment envie de ces vacances aux Caraïbes (le printemps est vraiment pourri et mon fil Instagram est plein de photos d’ailleurs ensoleillés). Je vais sortir de cette dissonance en achetant des crédits carbones sur le site de la compagnie aérienne (même si je sais que cela ne va pas vraiment compenser les choses).
Ainsi, le comportement surmédiatisé de certains (jet privés, consommation à outrance), couplé au greenwashing des acteurs privés nous maintient très puissamment dans l’inaction. S'ajoute une posture peu lisible des acteurs politiques, qui convoquent également nos biais (“C’est la faute de la Chine” / “On est trop nombreux”) et nous donnent l’illusion de l’action.
A l’inverse, des études argumentent qu’un point de bascule est possible pour changer les comportements si on atteint une masse critique de 10% d’acteurs convaincus. Plus le contexte est transparent, et plus un effort est compris et partagé, avec des résultats visibles, et plus il devient facile de changer nos habitudes. Comme le résume Aurore Grandin, doctorante en sciences cognitives au Laboratoire de neurosciences cognitives et computationnelle1 “Chaque citoyen doit pouvoir suivre et observer, avec des preuves tangibles et visuelles, comment les autres, les collectivités, les entreprises, ou l'Etat agissent, pour créer une norme sociale et inciter à la contribution”. Des études
Il est grand temps de (se) reprogrammer 🧘
Il existerait selon le chercheur Eliezer Yudkowsky trois critères systémiques pouvant entraîner des catastrophes civilisationnelles, et la crise climatique reprend malheureusement les trois:
Les décideurs n’ont rien à perdre de l’inaction (“no skin in the game”), voire ont à y gagner;
Les informations sont asymétriques (ceux qui ont les bonnes informations n’arrivent pas à les transmettre efficacement - coucou le GIEC);
On sait ce que l’on doit faire et on serait d’accord si un chef d’orchestre venait le mettre en place (deux-tiers des français affirment que des mesures contraignantes seront nécessaires)2 ;
Certes, il nous appartient de ne pas laisser notre striatum être en permanence bercé par la dopamine des réseaux sociaux et des messages publicitaires, et de muscler notre néocortex et donc notre capacité à accepter de faire aujourd'hui des investissements (coûteux en temps, en effort) pour des bénéfices plus lointains. Mais il est tout aussi crucial de ne pas responsabiliser le seul individu et de consacrer plus d’attention au changement de contexte (les messages auxquels nous sommes exposés) et au changement de gouvernance.
Des études montrent que plus on est en position de pouvoir, plus nos biais de confirmation sont importants et notre striatum sensible à la dopamine3. Si nos décideurs, privés ou publics, peuvent moins facilement se détacher de leurs cerveaux biaisés vers la gratification immédiate, alors soyons les 99%, conscients de leur puissance d’action, et allons voter!
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DU SAVOIR AUX ACTES 🙋: Elections Européennes - Aux urnes citoyen.ne.s
Pourquoi ça compte ?
En 2019, La Commission Européenne a adopté « Le Pacte Vert » : une série de propositions ambitieuses visant à adapter les politiques de l’UE pour réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre d’au moins 55 % d’ici à 2030 et faire de l’Europe le premier continent neutre en émissions. Pour ce faire, la Commission s’était engagée à dégager 1 000 milliards d'euros de financement.
Les violents chocs sanitaires, géopolitiques et économiques qui s’en sont suivi ont mis à mal certains de ces engagements. Force est de constater que la transition écologique et énergétique est devenue une source de grande fragmentation au sein des Etats membres, et de polarisation entre les partis politiques. Certaines lois du Pacte Vert, comme celle concernant la restauration de la Nature, celle sur l’utilisation des pesticides ou encore la révision de la taxation de l’énergie ont vu leurs objectifs considérablement réduits ou sont tout simplement à l’arrêt.
Alors que le bloc Européen se fragmente sur la question énergétique et écologique, d’autres puissances n’ont pas hésité à déployer des arsenaux législatifs pour protéger leur industrie et favoriser les investissements dans la transition. On pense bien sûr aux 400 milliards de dollars déployés dans le cadre de l’« Inflation Reduction Act » aux USA.
Dans ce contexte, les élections de Juin joueront un rôle crucial pour entériner ou, à l’inverse, enterrer le Pacte Vert (certains partis demandant son abrogation pure et simple). N’oublions pas que c’est à Bruxelles que se décide la grande majorité de la réglementation environnementale. A cet égard (et en ce qui concerne la géopolitique mais ce n’est pas l’objet ici 😊), les élections du mois prochain ne peuvent pas être traitées comme une simple réaction à la politique nationale : le scrutin Européen a des enjeux particuliers qui méritent d’être étudiés. Nous vous livrons ci-dessous quelques clés de lecture.
Dis moi ce que tu as voté et je te dirai qui tu es (vraiment)
Parce qu’en matière de politique environnementale, il y a parfois un (grand) écart entre le déclaratif et le performatif, nous vous conseillons de jeter un coup d’œil à cet excellent outil développé par l’ONG Bloom qui a recensé les votes des 853 députés européens sur 150 votes ESG cruciaux au cours des cinq dernières années.
Ainsi, si la plupart des têtes de liste des élections semblent s’entendre sur le diagnostic (renforcer la souveraineté Européenne, notamment énergétique) on constate que dans les faits (et donc les votes) le clivage gauche/ droite reste très prégnant. Le parti conservateur Européen du PPE (incluant les Républicains), majoritaire lors du dernier mandat, a été le parti le plus actif contre les mesures du Pacte Vert.
Le constat n’est pas très différent pour le vote des euro-députés français avec un moins mauvais score pour Renew (dont Renaissance).
Et mon vote dans tout ça ?
👉Si vous avez une heure
Nous vous recommandons de regarder de ce débat à propos de l’avenir du Pacte Vert, organisé par le Shift Project entre les principales têtes de liste, sous la modération vigilante de journalistes de Bloomberg et des Echos. Les candidats étaient amenés à se prononcer de manière synthétique à propos de 4 thèmes clés :
les transports et en particulier les conséquences de l’interdiction des véhicules thermiques en 2035,
l’utilisation de l’avion (cf. notre numéro de Juin),
la souveraineté énergétique,
le financement de la transition.
Au moins aussi intéressant que le débat lui-même, parcourez aussi le fact-checking publié par les Shifters à la suite du débat, reprenant les arguments factuellement inexacts avancés par certains des candidats (et notez au passage que les mêmes noms reviennent très souvent).
👉Si vous avez 10 minutes
Ci-dessous (et par liste alphabétique en cas de contrôle de l’Arcom 😆), voici un détail des principaux programmes avec les mesures phares en lien avec l’écologie.
Manon Aubry, La France Insoumise
Sa tagline “Faire la planification écologique européenne’’. D’entrée de jeu, le programme plante le décor. La priorité est de lutter contre “les pollueurs et les plus riches”, de “taxer les super-pollueurs et les super-profits” et de s'opposer aux lobbys qui gangrènent Bruxelles.
⚡Propositions relatives à l’énergie :
Concernant le mix énergétique, M. Aubry préconise une sortie du nucléaire (et l'exclusion de cette énergie, ainsi que du gaz, de la taxonomie européenne) pour atteindre 100% d’énergie renouvelable d’ici 2050.
La candidate prône une sortie du marché européen de l'électricité dont le libéralisme est responsable, selon elle, des hausses de nos factures d'électricité.
🚆Propositions relatives aux transports :
Le programme prévoit une interdiction des vols intra-européens en cas d’alternative ferroviaire de moins de 4h (on se souvient qu’une mesure similaire avait été prévue en France dans le cadre de la loi de Climat et résilience en 2021, avant d’être vidée de sa substance)
M. Aubry soutient l’essor du réseau ferroviaire : elle dénonce la privatisation de la SNCF et propose de privilégier des lignes de trains de nuit à des prix “fixes, bas et régulés” plutôt que des projets que LFI juge “inutiles” comme “le Lyon-Turin”. Elle prévoit également Un pass inter-rail d’une durée de 6 mois pour les 18-15 ans (mesure non chiffrée).
🌾Propositions relatives à l’agriculture :
Interdiction du glyphosate et sortie de l’ensemble des pesticides de synthèse.
100% d’agriculture bio d’ici 2050 (rappel : aujourd’hui la Surface Agricole Utile en Europe plafonne à environ 10% du fait de nombreux vents contraires).
Jordan Bardella, Rassemblement National
Sa tagline “L’Europe qui produit, l’Europe qui se respecte, l’Europe qui relève les défis du XXIe siècle.” Le parti s’élève principalement contre l’écologie décrite comme “punitive” et le foisonnement des normes qui plongent, selon le le RN, le continent dans la décroissance. Le programme milite pour l’abrogation du Pacte Vert et ne fait aucune référence aux objectifs de neutralité carbone.
⚡Energie :
J. Bardella souhaite “refaire de la France un paradis énergétique” en supprimant les énergies “intermittentes”4 au profit du nucléaire, sortir des règles “absurdes” du marché européen de l'électricité, et déployer une diplomatie écologique en exportant le savoir-faire français.
🌾Agriculture :
Le programme reprend la “pause réglementaire” demandée par Emmanuel Macron en matière environnementale, avec notamment, l’annulation de la stratégie de “la Ferme à la Table” pour un verdissement de l’agriculture, et ce afin de “protéger les agriculteurs”.
Le programme prévoit également la sortie de tous les accords de libre-échange créant une concurrence déloyale (sans détails sur les modalités de sortie).
🚆Transport :
J. Bardella souhaite faire annuler l’interdiction de la vente de voitures thermiques neuves prévue par l’UE à partir de 2035.
François-Xavier Bellamy, les Républicains
Sa tagline « Contre le changement climatique et pour la biodiversité, l’Europe doit encourager le progrès et la science” (pages 35 à 40). Techno solutionniste, FX. Bellamy plaide pour une écologie libérale en réaction à “l’écologie de gauche punitive et culpabilisante”. Il défend le “principe de liberté technologique” pour parvenir à l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050.
⚡Energie :
FX Bellamy indique que mix énergétique doit être laissé à la discrétion des Etats membres.
En ligne avec J. Bardella (bien que légèrement plus modéré sur ce point), Mr. Bellamy déclare ne pas être favorable à l’accélération “non maîtrisée” des ENR qui “dénaturent les paysages”, indiquant que le nucléaire doit être priorisé (alors que les scénarios de RTE prévoient tous une complémentarité de ces sources énergétiques).
🚆Transport :
Autre point d’accord avec J. Bardella : FX. Bellamy entend, lui aussi, revenir sur l’interdiction de la vente de voitures thermiques neuves.
🌾Biodiversité et agriculture :
Sans appeler clairement de ses vœux une annulation de la stratégie de la Ferme à la Table, FX. Bellamy rappelle avoir milité/voté contre certaines mesures phares du Pacte Vert car, selon lui, ces dernières nuisaient à la souveraineté des agriculteurs.
Sur les sujets agricoles (comme pour les véhicules), FX. Bellamy indique “faire confiance aux industriels” pour développer des solutions innovantes (par exemple la recherche génomique pour favoriser un moindre recours aux pesticides).
🔁Import/ export :
FX. Bellamy insiste sur la nécessité de renforcer le Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières en intégrant les produits manufacturés pour limiter les importations polluantes.
Raphaël Glucksmann, Parti Socialiste- Place Publique
Sa tagline : “Pour une Europe Écologique”.
R. Glucksmann lie l’enjeu écologique à la géopolitique; selon lui, la transition est avant tout un impératif de souveraineté face aux pétromonarchies des Emirats Arabes et de la Russie.
La suprématie des énergies fossiles aurait sonné la domination (et le déclin) de l’Europe. Il soutient à ce titre la mise en place d’un «protectionnisme écologique européen» (Buy European Act)5 en réponse à l’Inflation Reduction Act déployé par les Etats-Unis.
⚡Energie :
Le programme prévoit un déploiement accéléré des énergies renouvelables avec un objectif de 45 % du mix Européen d’ici 2030, et 75 % en 2040.
En parallèle, il vise une sortie du charbon et du gaz fossile d’ici 2030/35 et du pétrole en 2045 en conservant une part de nucléaire comme “énergie de transition”.
🚆Transport :
R. Glucksmann préconise un soutien au réseau ferroviaire et la création d’un ticket climat pour rendre les tarifs du train plus attractifs. Une mesure qui pourrait être financée, selon le candidat, par une taxation du transport aérien.
Sur les véhicules électriques, le programme propose d’exclure les SUV les plus lourds des subventions afin de limiter l’impact écologique.
🌾Biodiversité et agriculture :
Le programme propose de repenser la Politique Agricole Commune (PAC) avec un redéploiement des aides agricoles pour passer d’une allocation à l’hectare vers plus d’aides à l’emploi et à l’utilité écologique. Le soutien à l’agriculture biologique est mentionné à plusieurs reprises, réaffirmant l’objectif européen de 25% de la SAU en 2030.
Le candidat porte plusieurs propositions ambitieuses sur la protection de la nature (protéger 30 % des espaces terrestres et 30% des espaces maritimes de l’UE d’ici à 2030, notamment avec l’instauration d’un Pacte Bleu).
💰Financement :
Le programme prévoit un seuil d’investissement obligatoire, équivalent à 2 % du PIB de chaque Etat membre pour financer les projets en lien avec transition écologique.
Valérie Hayer, Renaissance
Sa tagline: “Faire de l’Europe une puissance écologique.” La candidate soutient un programme modéré.
⚡Energie :
V. Hayer prône une sortie des énergies fossiles d’ici 2050 grâce à un mix nucléaire + renouvelables. Si des objectifs sur le nucléaire sont clairement quantifiés (production multipliée par 3), ceux sur le renouvelable ne le sont pas.
🚆Transport :
Le parti vise la production de 10 millions de véhicules électrique en Europe d’ici à 2030 et la création d’un avion vert européen.
🔁Import/ export :
V. Hayer propose d’étendre la portée de la taxe carbone aux frontières aux produits manufacturés notamment les véhicules.
Des mesures miroirs seraient appliquées aux produits importés pour les soumettre aux mêmes normes que les entreprises et agriculteurs européens.
Le programme prévoit le refus d’accords commerciaux avec les pays ne respectant pas les accords de Paris (et donc l’abandon de l'accord actuel avec le Mercosur).
Enfin, V. Hayer soutient, comme R. Glucksmann, une "préférence européenne" (Buy European Act) pour l'attribution des marchés publics
🌾Biodiversité et agriculture :
Le programme insiste sur la nécessité de simplifier les mesures et contrôles agricoles (sans donner davantage de détails).
V. Hayer milite pour une extension de la loi EGalim en Europe pour assurer des revenus minimums aux agriculteurs et privilégier les circuits courts (les objectifs de cette loi française sont encore très loin d’être atteints6).
💰Financement :
Renaissance propose la mise en place d’un fonds de 1 000 milliards d’euros, réunissant capitaux publics/ privés et alloué aux besoins écologiques, technologiques et sécuritaires (sans précision sur la part des investissements alloués à chacune des thématiques).
Marie Toussaint, Europe Ecologie Les Verts
La tagline : “10 combats pour la Justice et le Vivant”
⚡Energie :
M. Toussaint dénonce vivement l'inclusion du gaz et du nucléaire dans la taxonomie Européenne et milite pour une énergie d'origine 100% renouvelable d'ici 2040. Selon EELV, le redémarrage du nucléaire ne sera pas assez rapide pour atteindre les objectifs urgents de décarbonation.
🌾Agriculture :
M. Toussaint soutien la réforme de la PAC pour des subventions distribuées par unité de main-d'œuvre plutôt que par hectare. Elle prévoit un fonds de transition agricole pour accompagner les reconversions (mesure non chiffrée)
💰Financement :
M. Toussaint propose un fond d’investissement doté de 100 milliards d'euros (partiellement financé par l’abandon des subventions aux fossiles), adossé à la Banque Européenne d'Investissement, qui serait notamment voué à monter au capital des entreprises pétro-gazières pour les faire pivoter (avec l’intention de long terme de “nationaliser Total et Eni” comme l’a déclaré la candidate sur France Inter, cf min 16’)
Elle entend changer les règles bancaires et prudentielles avec des taux d’intérêt différenciés entre le financement des actifs bruns et les verts.
Pour financer ce plan, M. Toussaint préconise l’arrêt des subventions aux énergies fossiles et à leurs utilisations dérivées dont la fin des exonérations fiscales sur l’avion et le transport maritime au profit du transport ferroviaire et du vélo. A l’inverse, elle préconise baisser la TVA sur les produits “verts” fabriqués en Europe.
Au terme d’une campagne chahutée, la liste EELV semble en difficulté. L’écologie réussira-t-elle à se (ré)imposer comme un thème majeur sur la scène politique? Dans une grande enquête réalisée auprès de 10 000 personnes en 2023, près de 50% des 15-19 ans, proches du parti EELV se prononçaient en faveur de manifestations et d’actions coup de poing. Dans les colonnes du Monde, David Cormand, eurodéputé écologiste s’inquiètait de cette “bifucartion” : « Le risque, c’est que ce sentiment se traduise par un désengagement démocratique, quelque chose d’un peu dépressif… ».
Plus que jamais, nous demeurons convaincus qu’il est possible de concilier militantisme et engagement civique. A l’heure où le backlash écologique gagne du terrain restons engagés sur tous les fronts! A vos bulletins 🤝.
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💚COUP DE CŒUR : Parlement, la série : plongez dans les méandres de (Strasbourg) et Bruxelles
Initiée par la Fondation Jean Jaurès, cette série télévisée franco-germano-belge relève brillamment un défi d’ampleur : présenter la vie des institutions Européennes avec humour et légèreté.
Diffusée dans une dizaine de pays, déjà vue par près de sept millions de téléspectateurs, la série nous raconte les déboires de Samy, un assistant parlementaire fraîchement débarqué à Bruxelles pour le meilleur et pour le pire. Nous ne résistons pas à partager un teaser pour vous appâter.
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Ses travaux de recherche portent sur l’apport de la psychologie pour la lutte contre le changement climatique
“Les français et l’inaction écologique”, 2024, Observatoire des Opinions Ecologiques
D. Martinez et al., « D2/3 Receptor Availability in the Striatum and Social Status in Human Volunteers », Biological Psychiatry, 67/3, 2010, doi : 10.1016/j.biopsych.2009.07.037.
Entendez renouvelables, et sur ce point, lisez ici les recommandations de RTE sur la nécessaire complémentarité des approvisionnement
Le Buy European Act, invoqué à maintes reprises par R Glucksmann et d’autres euro-députés depuis 2019, a fait l’objet d’études chiffrées démontrant les possibles bénéfices économiques : Buy European and Sustainable Act : accélérer la transition vers une économie européenne bas-carbone (carbone4.com)
La loi EGalim (2019) impose à la restauration collective publique de proposer au moins 50% de produits durables et de qualité dont au moins 20% de produits bio. Cet objectif n’est toujours pas atteint. Votée en 2021, la loi EGalim 2 a entre autre pour objectif une rémunération juste des producteurs en sanctuarisant le prix de la matière première agricole.