Exfiltré(e)s/Version Française- Janvier 2024. The (corporate) Clash : Should I stay or should I go?
"Trop triste pour travailler ?" titrait le célèbre quotidien britannique The Telegraph le 15 janvier dernier à l’occasion de "Blue Monday". Face à la perte de motivation des employés1, de nombreux experts plaident pour plus de sens au travail. De nombreuses grandes entreprises ont créé des “Directions de l’Engagement” chargées, entre autres, de mobiliser les équipes en faveur des missions sociétales.
Véritable levier d’engagement selon certains, émissaire du greenwashing pour d’autres, la perception des acteurs du développement durable au sein des entreprises divise. A l’heure où le franchissement des limites planétaires menace bon nombre de business models, quel est l’impact réel des initiatives environnementales et sociales menées par les entreprises ? Peut-on vraiment espérer faire évoluer les lignes de l’intérieur? Nous abordons ces questions dans la rubrique “Grand Angle” du mois, complétée par "un “Coup de Cœur” sélectionné par une invitée très particulière 🤗.
Enfin, en ce mois hivernal marqué par une actualité sociale chargée, nous vous livrons quelques pistes de réflexions à propos de la crise agricole et des conseils pour se chauffer à moindre coût (financier et environnemental).
Bonne lecture et merci à tous nos nouveaux abonnés! N’hésitez pas à nous faire part de vos commentaires, remarques et suggestions.
Au sommaire de cette édition :
Rubrique Grand Angle - Le (corporate) Clash
Rubrique Actu du Mois - L’Écologie : Mère des Maux Agricoles?
Rubrique Du Savoir Aux Actes - Comment se chauffer sans réchauffer la planète?
Rubrique Coup de Cœur - Un magazine pour réfléchir autrement
GRAND ANGLE 💡Responsabilité Sociétale des Entreprises : Supercherie ou Réalité?
Les acteurs du développement durable en entreprise : Sisyphes des temps modernes ?
En 2020, les apôtres de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) ont cru que leur heure de gloire avait (enfin) sonné. Finis les longues heures de doute, les tiraillements incessants entre le désir sincère de faire bouger les lignes et le pessimisme sur leur capacité à avoir un réel impact. Enfin les fonds ESG démontraient leur résilience. Il était devenu possible de concilier valeur actionnariale et valeurs éthiques. Nombre de grandes entreprises s’empressent alors de publier une myriade d’études soutenant ce narratif.
Hélas, l’euphorie est de courte durée. Dès la fin de l’année 2021, le scepticisme à l’égard de la durabilité reprend de plus belle, particulièrement aux États-Unis.
Interviewée récemment à ce sujet, l’universitaire américaine Alison Taylor (professeure à NYU, qui a consacré de nombreux travaux passionnants à cette question), explique : "Les choses seraient plus facile si nous étions passé des théories de Milton Friedman au capitalisme des parties prenantes. Le problème, c'est que les pressions liées à la valeur actionnariale à court terme n'ont pas disparu. Et nous avons ajouté à cela de nouveaux impératifs liés à la durabilité. Équilibrer ces intérêts est plus facile à dire qu'à faire."
Alors que la fable largement documentée d’une décorrélation2 entre les émissions de CO2, la destruction du vivant et la croissance économique est de moins en moins crédible, est-il possible de concilier ces injonctions contradictoires? 🤔
Alison Taylor ajoute : "Il s'agit d'un débat très polarisé. D'un côté, il y a un groupe de personnes qui disent "tout cela n'a aucun sens, c’est du wokisme, nous devons recommencer à faire du profit". De l'autre, ceux convaincus par les exigences ESG, y compris les générations d’employés plus jeunes et plus progressistes, qui jugent que rien de ce que vous pouvez faire ne sera jamais assez bien (...)".
Trop pour les uns, pas assez pour les autres. L’ambition de faire évoluer le système de l'intérieur n’est-elle pas inexorablement vouée à l’échec ? Plutôt que de perpétuer une illusion, ne devrions nous pas adopter une posture plus réaliste : ce sont les catastrophes liées aux limites planétaires qui forceront le changement. D’ici là pour ceux qui veulent s’engager, autant trouver d’autres voies et préparer “le monde d’après” ?
Ci-dessous un aperçu du champs des possibles:
Le péril jeune 🚨
“Nous pensons que l'innovation technologique ou les start-up ne sauveront rien d'autre que le capitalisme;
Nous ne croyons ni au développement durable, ni à la croissance verte, ni à la "transition écologique", une expression qui sous-entend que la société pourrait devenir soutenable sans qu'on se débarrasse de l'ordre social dominant (…).
Nous nous adressons à celles et ceux qui doutent,
A vous qui espérez changer les choses de l'intérieur et n'y croyez déjà plus vraiment,;
A vous qui avez peur de faire un pas de côté parce qu'il ne ferait pas bien sur votre CV, De vous éloigner de votre famille et de votre réseau (…).
Ne perdons pas à notre temps et surtout ne laissons pas filer cette énergie avant d'être coincé par des obligations financières;
N'attendons pas que nos mômes nous demandent des sous pour faire du shopping dans le métavers parce que nous aurons manqué de temps pour les faire rêver à autre chose;
N'attendons pas d'être incapable d'autre chose qu'une pseudo reconversion dans le même taf mais repeint en vert;
N'attendons pas le 12e rapport du GIEC qui démontrera que les États et les multinationales n'ont jamais rien fait.”
Beaucoup se souviennent de ce discours radical prononcé par 8 étudiants de la célèbre école Agro-Paris tech en Mai 2022, appelant leurs camarades à « bifurquer ». Dans la foulée, d’autres étudiants de nombreuses grandes écoles leur emboitent le pas avec des prises de parole engagées aux remises de diplômes. Les associations étudiantes consacrées à l’écologie prennent de l’ampleur avec notamment HEC Transitions et ESCP Transition Network. Le mouvement du Manifeste écologique rassemblant les revendications des étudiants recueille plus de 30 000 signatures.
Désertion de masse? 🏃♂️ 💨
Malgré cet engouement largement relayé par les médias, gardons-nous de croire à une véritable révolution. Chaque année l’institut Universum observe cette tendance dans un sondage mené auprès de 30 000 étudiants en France. A la question « Seriez-vous prêts à postuler dans une entreprise qui n'est pas en phase avec leurs valeurs ? » 59 % ont répondu qu'ils pourraient le faire tant que le salaire et la mission leur conviennent3. Ces résultats vont dans le sens d’une autre étude menée par Deloitte en 2023 auprès de plus de 20,000 personnes dans 20 pays : l’ESG n’est pas un facteur décisif pour la majorité.
Interrogée à ce sujet lors d’une table ronde passionnante, Valentina Carbone Professeur de Sustainability & Supply Chain à l’ESCP note: « il n’y a pas de raz de marée. Le ventre mou demeure majoritaire. Il est engagé mais pas politisé. Ce que j’observe, c’est plutôt une polarisation des étudiants, à l’image de la société”. Sur le même panel, Anne-Fleur Goll, alumni HEC à l’origine d’un discours qui a marqué les esprits en 2022 confirme : « Les revendications des étudiants engagés en faveur de l’écologie sont bien plus radicales aujourd’hui qu’en 2016 ».
La radicalité a-t-elle sa place au sein des organisations ? 💥 🔄
Des salariés de plus en plus demandeurs…
A l’instar du mouvement étudiant, les études soulignant l'accroissement des attentes des salariés en matière d'engagements ESG se multiplient4.
Pour autant, beaucoup pointent le fait que la Responsabilité Sociale et Environnementale des entreprises continue d’être une forme de vitrine superficielle, voire de greenwashing. Avoir des collaborateurs engagés sur ces questions serait acceptable tant que les initiatives se limitent aux écogestes et au recyclage des poubelles… Au-delà, quand un employé refuse de prendre l’avion ou-pire-commence à critiquer le positionnement de l’entreprise – on atteint vite une limite pour rester sur des engagements superficiels où complètement centrés sur le reporting/ les données ESG qui ne mènent à aucune action concrète.
Dans un rapport au titre évocateur « Enough ! A review of corporate sustainability in a world running out of time”, des consultants d’Ernst & Young soulignent une courbe inversée entre les engagements des entreprises aux diverses initiatives internationales ESG et les limites planétaires.
Dans le cadre d’un échange pour la rédaction de cet article, une chargée de RSE nous confiait : « on m’a demandé de tempérer mes revendications. Être dans la dénonciation finit par braquer les interlocuteurs. On n’arrive à rien. »
Erica Löfving, Directrice Développement Durable pour un groupe de vignerons américain décrit le cas de conscience de certains professionnels : “ Si vous devenez difficile, vous vous exposez à des risques (…). Nous sommes tiraillés entre le fait de dénoncer ce qui, nous le savons, nous met sur la voie du désastre à moyen terme, et l’envie de conserver nos salaires, de faire avancer nos projets (probablement insuffisants) en interne tout en restant dans les bonnes grâces de nos PDGs et de nos conseils d'administration. Empêcher nos collègues de penser que nous sommes d'ennuyeux catastrophistes, prêts à remettre en cause leur mode de vie agréable, leurs habitudes de consommation et leurs belles vacances à Bali. »
A la lecture de ces témoignages on peut se demander s’il est vraiment possible de garder son indépendance d’esprit au sein d’une entreprise. Le pragmatisme pour faire avancer les projets ne conduit il pas à une forme de collusion délétère ?
Beaucoup ne partagent pas cet avis. Devenue consultante chez Deloitte, Anne-Fleur Goll est convaincue qu’il est possible de réconcilier une profonde conviction écologique et une carrière orientée vers l’agenda de la transition. Elle a d’ailleurs conservé son activité de militante chez Extinction Rebellion en parallèle de son job. « C’est une ligne de crête », commente-t-elle.
Cette posture fait écho à certains mouvements établis. On citera par exemple :
Le concept de "Tempered radicalism” théorisé par Debra Meyerson, professeure de comportement organisationnel à l'Université Stanford. Dans ses travaux5, Meyerson démontre, études de cas à l’appui, comment des individus peuvent œuvrer pour le changement au sein des organisations en maintenant un équilibre entre leurs convictions profondes et la nécessité de s'adapter aux codes de l’entreprise. Ces "radicaux tempérés" ne rejettent pas complètement les structures établies, mais cherchent plutôt à introduire des idées novatrices et des changements progressifs.
Le mouvement Corporate Rebels" lancé aux Pays-Bas par de jeunes ingénieurs. Partant du constat que le monde du travail souffre d’une démobilisation de masse, le mouvement insiste sur la nécessité d'une organisation du travail différente - porteuse de sens, notamment au travers de réseaux d’employés relativement autonomes, fonctionnant de manière de plus en plus horizontale6.
Essor de l’activisme salarial
De fait, on assiste depuis quelques années à un essor des collectifs de salariés qui peuvent être de véritable moteurs de changement dans le domaine de l’écologie. On citera par exemple les actions menées par des employés de Google ou Amazon.
Ce type d’actions demeurent relativement minoritaire mais leur potentiel n’est pas négligeable. Interrogé dans le cadre d’une étude menée par Deloitte, un échantillon de plus de 2 000 cadres supérieurs dans 24 pays déclare en majorité que l’activisme salarial a un impact significatif sur la stratégie de leur entreprise.
En France, des réseaux de salariés s’organisent, à la fois intra-entreprise mais aussi en externe. Un éco-syndicat (Printemps écologique) a été fondé en 2020 et compte 300 élus dans 60 entreprises. D’autres réseaux très actifs existent, par exemple FEVE ou Les Collectifs.
Si vous êtes tentés de vous engager, voici un aperçu (non exhaustif) des réseaux qui s’offrent à vous7.
Ode aux sentinelles
“Et le simple berger qui veille ses moutons sous les étoiles, s’il prend conscience de son rôle, se découvre plus qu’un berger. Il est une sentinelle. Et chaque sentinelle est responsable de tout l’empire.” Antoine de Saint-Exupéry, Un Sens à la Vie.
Contrairement à ce que le titre de cette infolettre pourrait laisser entendre, notre intention n’est pas de prêcher “l’exfiltration” comme la seule solution viable et désirable.
Nous avons au contraire la conviction que les acteurs du développement durable sincères, bien que souvent malmenés, sont des sentinelles indispensables au sein des entreprises.
Pour ceux d’entre nous qui souhaite (ré)concilier leurs convictions écologique avec une carrière “corporate”, le chemin est long, et semé d’embûches. Parmi les (nombreux) défis et questions qui s’imposent à nous :
Comment la gouvernance de l’entreprise prend-elle en compte les critères de développement durable ?
Ces sujets sont-ils représentés au conseil exécutif, au conseil d’administration, par qui ?
Sont-ils pris en compte dans les critères de rémunération ? Comment?8
Quel est l’impact réel des initiatives ESG sur le modèle d’affaires de l’entreprise?
Comment faire nôtre cette adaptation de la citation de Marc-Aurèle :“Donnez-moi la force de me dissocier de ce qui ne fait que cautionner l’immobilisme, le courage de changer ce qui peut l’être, et la sagesse de distinguer l’un de l’autre” pour s’assurer que nous ne sommes pas devenus une simple caution du système?
Cultiver la “résistance de l’Esprit” en multipliant les perspectives
S’engager ? Bifurquer ? Déserter ? Plutôt que d’opposer ces approches, pourquoi ne pas les concilier en empruntant des passerelles de l’une à l’autre ou en dialoguant avec les acteurs des autres rives.
Une personne qui a récemment quitté son poste de directeur du développement durable nous confiait récemment : « il est difficile de garder un œil critique. A un moment « you start believing your own bullshit (en anglais dans le texte). C’est pour cela que je change d’organisation régulièrement. Pour rester le plus lucide possible en multipliant les perspectives. »
Et Anne-Fleur Goll de conclure : «J’étais déçue qu’on cherche à m’opposer au mouvement des AgroParisTech. Les déserteurs vs moi qui reste dans le système. Chacun choisit ses méthodes, on peut les multiplier et évoluer. La bonne méthode c’est surtout celle qui nous rend heureux, et donc efficace. »
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L’ACTU DU MOIS 📰 : l’Écologie – Mère des Maux Agricoles ?
La révolte agricole qui frappe en ce moment l’Europe démontre que l’acceptabilité de la transition écologique est encore loin d’être assurée.
Le Pacte Vert Européen est remis en cause, Bruxelles étant accusée d’imposer une série de normes trop contraignantes (et parfois ubuesques !) aux agriculteurs.
Nous avions récemment consacré un numéro d’Exfiltré.e.s à la transition agroécologique et nous reviendrons prochainement sur la question en profondeur. D’ici là, nous partageons quelques pistes de lecture et de réflexion (non exhaustives!) pour détricoter cette actualité brûlante :
💰Parler de la « crise des revenus agricoles » nécessite beaucoup de nuances. Par exemple en France il existe des disparités très fortes entre de grandes exploitation maraîchère / céréalières vs les éleveurs
👨🌾La crise des vocations agricoles entraîne une concentration du foncier (et des prix des terres à la hausse). La relative perte d’attractivité du secteur9 crée une pression sur la main-d’œuvre (4 fois moins de salariés agricole en France vs 1970)10, favorisant la mécanisation et le regroupement des terres. Selon les estimations, 1% des plus grosses exploitations dans le monde représente plus de 70 % des terres agricoles.
🌿La préservation des sols est indispensable pour garantir notre sécurité alimentaire et celle des générations à venir. Selon les estimations, chaque seconde, 26m² de terres agricoles disparaissent en France. L’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture avait alerté sur ce point dès 2016 : 1/3 des terres arables dans le monde risque de disparaître à cause de l’urbanisation et de la dégradation des sols. Face à ce phénomène la Politique Agricole Commune demande aux agriculteurs européens de consacrer 4 % de terres arables à des infrastructures agroécologiques (haies, bosquets, marais, fossés, mares, arbres) dont les bénéfices sur la préservation de la biodiversité et la régénération des sols sont prouvés. Cette mesure est contestée par les syndicats agricoles français dont la FNSEA et plusieurs lobbys agro-alimentaires.
❌En l’absence d’alternatives viables, la voie consistant à réduire les énergies fossiles par la hausse/ signal prix démontre ses limites : beaucoup rapprochent la révolte agricole à celle des Gilets Jaunes, alors que la taxe sur le gazole non routier a cristallisé les tensions. Quelles seraient les alternatives pour les agriculteurs qui doivent transporter les marchandises et utiliser des tracteurs ?
🌎Les traités de libre échange sont à double tranchant : d’un côté ils privilégient des produits importés avec des normes environnementales inférieures et donc moins chers. De l’autre, selon les données disponibles, certaines secteurs agricoles sont largement bénéficiaires, avec des exportations bien supérieures aux importations. Les filières française du vin, du lait et de l’élevage porcin par exemple- avec leurs niveaux de production actuels- ne pourraient pas survivre sans les exportations (ce qui soulève une autre question sur la nécessité (ou non) de maintenir les volumes de production)11. Les « clauses miroirs » réclamées pour aligner les produits importés sont intéressantes mais néanmoins complexes à mettre en place au regard du droit international.
🍽️Les habitudes alimentaires des consommateurs évoluent. En seulement 50 ans, notre consommation a considérablement évolué au profit d’aliments carnés qui nécessitent une agriculture plus intensive. Dans le même temps, la part du revenu des ménages consacrée à l’alimentation a chuté. En France, le budget alimentaire a été divisé par 2 depuis les années 1960. Est-il vraiment souhaitable de consommer toujours plus pour moins cher, souvent au détriment de notre santé ?
🌾L'agriculture biologique traverse actuellement une crise sans précédent, amorcée bien avant la guerre en Ukraine et l’inflation. Les ventes se concentrent sur de nouveaux labels dont l’impact sur l’environnement et sur notre santé est questionnable. Les mesures de soutien demeurent insuffisantes et doivent être associées à des programmes pédagogiques d’ampleur. Voici notre précédent article consacré à ce sujet https://exfiltrees.substack.com/i/138338844/option-miser-sur-le-bio
🛒Les distributeurs ont un rôle crucial à jouer pour mieux répartir la valeur sur l’ensemble de la chaîne alimentaire. Sur une brique de lait, par exemple, la part reçue par un éleveur a baissé de 4 % en 20 ans, alors que celle des entreprises agroalimentaires a augmenté de 64 % et celle de la grande distribution de 188 %. La loi Egalim qui devait assurer une meilleure rémunération des producteurs, s’avère complexe à appliquer et souvent contournée par des centrales d’achat situées hors de France. Doit-elle être repensée ?
⚖️Le foisonnement des normes (nationales et Européennes) est un sujet de justice sociale, maintes fois dénoncé mais jamais résolu à ce jour. Si l’abolition des règles environnementales est exclue, une simplification réglementaire s’impose. Sur cette question, nous conseillons la lecture des travaux et propositions de Gaspard Koenig. Gaspard Koenig propose de tailler dans les normes qui pèsent sur l’agriculture | Portail Réussir (reussir.fr)
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DU SAVOIR AUX ACTES : 🙋♂️Comment se chauffer sans réchauffer la planète?🥵
Après un automne anormalement doux, la courte vague de froid de ces dernières semaines nous rassure sur le fait que l’hiver existe encore. Paradoxalement, la disparition du Gulf Stream pourrait rendre nos hivers Européens aussi rigoureux que ceux de New York: quels choix faire aujourd’hui pour s’adapter en évitant d’aggraver les choses?
Un gros poste de dépense individuel 🔥
Comme observé dans mon bilan carbone 2023, le chauffage du logement est un poste important d’émissions de CO2, en moyenne 12% de l’empreinte des français en 2019, et beaucoup plus pour tous ceux qui sont encore chauffés au fioul.
Avant de se précipiter sur le choix du mode de chauffage, souvenons-nous que tout devrait commencer par l’isolation. C’est de loin la première action à mener (notamment celle du toit, puis .des fenêtres et des murs extérieurs) pour éviter de mieux chauffer une passoire.
Une fois cela fait et le thermostat réglé sur 19° pendant la journée, peut-on faire feu de tout bois?
Voici les ordres de grandeur d’émissions de CO2 des différents modes de chauffages pour un logement de 100m2:
Source: impactco2.fr (Ademe)
Malgré un bilan carbone loin d’être satisfaisant, les chaudières à gaz ont énormément été mises en avant ces dernières années. Les subventions à leur installation n’ont disparu que très récemment et la TVA associée demeure à taux réduit.
Ainsi, selon les données recueillies par le Shift Project, Entre 2016 et 2021, afin d’équiper les nouveaux logements (1 374 000) et de remplacer les chaudières au fioul (439 000) ainsi que les convecteurs électriques (1 000 000), nous avons utilisé principalement des pompes à chaleur (50%), suivies des chaudières au gaz (30%) et des chaudières à bois (15%).
Même si le réseau électrique est souvent moins résilient hors des villes, les pointes dues aux chauffage en pompes à chaleur (PAC) seraient en grande partie compensées par les gains d’efficacité et les mesures de sobriété, toujours selon le Shift. Après l’isolation du logement, il est important de choisir la PAC la plus appropriée (air/air, air/eau etc.) pour optimiser les dépenses. Un guide spécial pour éviter les arnaques et bien choisir son système recommande notamment de passer par un installateur certifié RGE (reconnu garant de l’environnement).
Mais attention à l’effet rebond! Les gains seront effacés si la baisse de la facture vous amène à vous chauffer à 22 degrés. Pour mieux résister à la tentation…
…Ne chauffez pas votre espace, réchauffez-vous! 🍵
En effet l’effet rebond est aggravé par le fait que la taille des logements progresse depuis des décennies: on chauffe donc de plus en plus de mètre cubes d’air dans le but de se réchauffer soi-même.
Alors pour réduire son impact et gagner en confort, misez sur les vêtements thermiques, ressortez vos bouillottes et allumez la bouilloire!
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💚COUP DE CŒUR : Un magazine dédié aux idées nouvelles
Ravis de partager avec vous le contenu inspirant du mois sélectionné et présenté par Anne-Fleur Goll. Merci à elle pour cette contribution !
Peu importe notre méthode d'engagement, il me semble nécessaire d'être imbibé d'idées radicales pour avoir la force de travailler aux réalités opérationnelles de la transformation.
Pour cela, le magazine Socialter est une vraie mine d'or : de beaux textes mordants par des contributeurs inspirés, dans un visuel acide et coloré.
Je n'aurais pas de meilleure définition de ce magazine bimestriel que la leur : "Socialter se penche sur les idées nouvelles qui peinent à émerger dans le débat public. Loin des solutions toutes faites et des approches dogmatiques, avec une ligne qui questionne plus qu’elle n’impose, Socialter entend repolitiser le débat avec une question en tête : comment faire évoluer la société vers plus de justice, plus de démocratie, dans le respect des équilibres écologiques ?"
Une respiration bienvenue pour se pencher sur le "quoi" plutôt que sur le "comment".
Ce numéro vous a plus? Abonnez-vous en cliquant sur le lien ci-dessous :
Étude annuelle menée auprès de plus de 120,000 employés dans 160 pays Gallup https://www.gallup.com/learning/event/3872172/EventDetails.aspx
Ernst & Young Enough - A review of corporate sustainability, in a world running out of time : https://www.ey.com/en_au/climate-change-sustainability-services/enough-a-review-of-corporate-sustainability
Universum commente dans un article des Echos «aux antipodes de la génération Woodstock, les jeunes de 2023 tiennent à leur confort de vie. C'est pourquoi 71 % d'entre eux préfèrent démarrer leur vie professionnelle dans de grandes organisations. On peut objecter que cet attrait po9ur les multinationales tient aux multiples liens qui existent entre elles et le monde de l'enseignement supérieur. Et c'est probablement vrai, mais ça n'est pas la seule explication, loin s'en faut. ».
Source : Edelman Trust Barometer 2023, sondage réalisé auprès de plus de 30 000 personnes, 28 pays.
A l’image des idées prônées par “Corporate Rebels”, de nombreux observateurs pointent le fait qu’une révolution complète de la structure “top-down” est nécessaire au sein des entreprises pour faire face aux changements radicaux des business models qui seront nécessaires. Pour creuser davantage, nous vous recommandons 👉 l’interview de Fréderic Laloux (créateur de The Week) qui cite l’exemple de Ray Anderson, le CEO visionnaire d’interface qui a initié un repositionnement visionnaire de l’entreprise dans les années 1990 grâce à la mobilisation de ses employés ainsi que 👉 la lecture de ce post d’Alison Taylor.
Source : ECOTAF : la mobilisation écologie des salariés - La librairie ADEME
Pour paraphraser l’écrivain américain socialiste Upton Sinclair “It is difficult to get a man to understand something, when his salary depends on his not understanding it.”
L’agriculure représente 2% du PIB Français vs 7,5% en 1970. Source : Valeur ajoutée par branche | Insee
Source Agreste, le secteur agricole comptait, en 2021, 673 640 emplois en équivalent temps-plein. C’est environ 70 000 de moins qu’en 2010 et quatre fois moins qu’en 1970.
En 2019, l’agriculture et les industries agroalimentaires (IAA) constituent le 3e excédent commercial de la France, à 7.8 milliards d’euros. Avec 5% des parts de marché dans le commerce mondial, la France est aujourd’hui le 6e exportateur agroalimentaire mondial derrière les États-Unis, les Pays-Bas, l’Allemagne, le Brésil et la Chine. L’excédent commercial est porté principalement par les vins et spiritueux, les produits laitiers, les céréales, et les viandes.