La fin de l’année sonne pour beaucoup l’heure des bilans et des résolutions. Nous profitons de cette dernière édition 2023 pour vous livrer un témoignage sur les engagements individuels de réduction d'empreinte carbone et partager quelques recettes pour un repas de réveillon (éco) gourmand.
Bonne lecture et merci à tous nos nouveaux abonnés! N’hésitez pas à nous faire part de vos commentaires, remarques et suggestions.
Au sommaire de cette édition :
Rubrique Du Savoir Aux Actes : -18% en 1 an. Bilan d’un engagement individuel
Rubrique Coup de Cœur : Du vert dans nos assiettes.
DU SAVOIR AUX ACTES 🙋♂️- S’engager à réduire son empreinte carbone : bagne ou eldorado vert?
Par Carole
Il y a un an, après un déménagement en fin d’année de la capitale vers les montagnes, je prenais la résolution de mieux aligner mes convictions avec mes actions quotidiennes: réduire mon empreinte carbone d’au moins 10% en 2023, pour me placer sur une trajectoire plus compatible avec les objectifs globaux nécessaires pour éviter les pires conséquences de la crise climatique.
Qu’ai-je appris pendant cette année où j’ai consciencieusement conservé mes données de déplacement, d’alimentation et d’achats au quotidien? Quel a été le poids de la contrainte du calcul, et de la poursuite de l’objectif? Finalement, est-ce que tout ça a été vraiment utile?
Bilan 2023: -18% d’émissions individuelles 🙆
Mon point de départ, bien qu’en dessous de la moyenne des français1, était bien loin de l'objectif des 2 tonnes. D’après le calculateur de l’Ademe, mon empreinte carbone pour l'année 2022, avait été de 6,5 tonnes équivalent CO2, réparties de la manière suivante:
Les actions recommandées par le calculateur étaient avant tout de changer de système de chauffage (passer du fioul au bois aurait permis une diminution de 2,1 tonnes), puis de devenir végétalienne (650 kg de moins) et d’arrêter l’avion (500 kg). Soit une baisse potentielle d’un tiers des émissions.
En 2023 j’ai changé de logement, je n’ai pas pris l’avion mais je ne suis pas devenue végétalienne. Bilan de l’année: 5,4 tonnes, soit une baisse de 18%.
La plus grande économie - près des trois-quart du total - est venue d’une action qui n’a été qu’en partie consciemment choisie: passer d’un appartement dans un immeuble des années 50 équipé d’un vieux chauffage collectif au fioul à un appartement de même taille mais chauffé au gaz et mieux isolé a en effet permis un gain de 800 kg.
L’économie que j’aurais pu engranger grâce à l’absence de voyage en avion en 2022 a malheureusement été presque parfaitement compensée par la forte augmentation de mes trajets en voiture - avec notamment un beau voyage en van de 10 jours dans le Massif Central. Je n’ai pas délaissé les modes de transports “doux” pour autant, avec plus de 10000 km parcourus en train dont un Paris-Berlin un peu plus carboné que le reste, et 2000 km parcourus en vélo électrique, qui a remplacé le métro pour mes trajets du quotidien.
L’alimentation a été pour moi un sujet assez…corsé. En raison d’un problème de santé, j’ai dû augmenter significativement mes rations de protéines animales, alors que dans ces dernières années la majorité de mes repas étaient végétaliens. Cependant, grâce à l’éviction quasi totale du bœuf et autres ruminants dès les premiers mois de l’année, je suis arrivée à légèrement baisser le bilan carbone total de mes repas, qui ont été à 40% végétariens et 20% végétaliens.
Pour encore réduire mon empreinte carbone dans les années à venir, il faudrait que je passe à un logement plus économe - équipé d’une pompe à chaleur (-1250 kg) - voire une maison passive2. Il est difficile d’en faire un engagement ferme dès 2024, car qui sait ce que la vie me réserve?
Comment l’ai-je vécu?🧘
Je fais partie de ces personnes pour qui le contrôle de soi, notamment au travers du suivi des habitudes de vie et des routines quotidiennes fait partie des mécanismes essentiels de gestion du stress. En cette fin d’année, le revers de la médaille a fini par se révéler: même si cela a été plutôt facile pour moi de m’imposer ces calculs et ces restrictions, cela a aussi conduit à plus d’auto-flagellation, et à une certaine forme de repli sur soi.
Ma résolution pour 2024 sera donc d'apprendre à me “foutre la paix” comme le conseille Fabrice Midal. L’idée n’est pas de tout envoyer promener et d’aller déguster du boeuf wagyu à Tokyo pour le week-end, mais plutôt de réorienter mon énergie vers des actions plus utiles et épanouissantes.
Par exemple mes activités de fresqueuse du climat et d’animatrice d'atelier 2 tonnes, qui m’ont permis de sensibiliser au total soixante-dix personnes au cours des derniers mois, mais aussi cette newsletter qui compte à présent plusieurs centaines d'abonnés avec lesquels j’ai eu beaucoup de plaisir à échanger, en parallèle des discussions dans le cadre de mon réseau professionnel.
Quels enseignements je tire de tout çà? 🧑🎓
Cette expérience m’a permis de mieux comprendre le ratio effort/résultat sur les choix du quotidien, notamment au niveau des transports et de l’alimentation - et du bœuf en particulier. Malgré des efforts conséquents au quotidien, le résultat reste encore anecdotique avec un peu plus d’une tonne d’économies, et j’ai surtout la conviction qu’aller encore plus loin signifie se soumettre à la règle des rendements décroissants.
Plus on essaye de réduire notre empreinte individuelle, plus on se heurte au plancher des choix collectifs (modes d'urbanisation, empreinte carbone des services publics) sur lesquels on ne peut agir que de manière… collective! En étant moins focalisée sur mon empreinte individuelle, je pourrais libérer plus d’énergie pour le changement commun, en commençant par exemple à m’impliquer dans le réseau des “Shifters” qui sensibilisent entreprises et pouvoirs publics sur les enjeux de transition.
Aussi, je vois maintenant comment un changement trop radical peut parfois éloigner les proches, et ouvrir un gouffre qui nous empêche de se mettre à la place de l’autre et donc de lui tendre la main.
Pour entraîner son entourage, on devrait pouvoir garder la capacité de se replacer dans l’état d’esprit que nous avions avant de comprendre les enjeux et d’in fine décider de modifier progressivement nos habitudes. Viser l’exemplarité est une arme à double tranchant: rien ne sert d’avoir des convictions si elles nous enferment, éteignent notre flamme et ne peuvent être partagées.
2024 sera l’année du collectif, des échanges et des rencontres dans une énergie renouvelée!
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8 tonnes teq CO2 selon l’Ademe pour la moyenne des français en 2022
L’achat d’un logement neuf ou la construction neuve peuvent avoir un bilan environnemental négatif à la fois sur les émissions et sur la biodiversité, en raison de la forte pression sur l’artificialisation des sols. Pour rappel, chaque heure, 11 hectares par heure sont artificialisés en France.
J'aime beaucoup cette prise de conscience de l'enfermement, isolement, ou éloignement dans l'exemplarité. Il est difficile aussi de se rappeler l'avant du déclic. De bonnes leçons pour moi de cette lecture.